• Reportage

Interview de Farouk Benabdoun, CEO Siemens Algeria

Farouk Benabdoun. — Siemens est présente en Algérie depuis 1962, c’est la première société internationale à s’être établie en qualité de société de droit algérienne. Siemens ne couvre pas que le secteur de l’énergie mais est aussi présent dans les transports : l’entreprise a réalisé la première ligne du métro d’Alger, reliant La grande poste à Hai El Badr en consortium avec Vinci et CAF.

Nous sommes également présents sur la signalisation ferroviaire via une joint-venture avec la SNTF – ESTEL et nous proposons aussi des équipements médicaux d’imagerie et de diagnostic. L’industrie, est l’un des autres secteurs que nous couvrons, notamment dans le procès control et automatisation des procédés de fabrication dans les stations de pompage.

En Algérie, l’énergie est l’un de nos domaines phare : la réalisation de centrales électriques pour la production énergétique, leurs maintenances et aussi la transformation de cette énergie de haute tension vers la basse tension, en passant par la moyenne afin de la distribuer vers les consommateurs finaux.

L’efficacité énergétique est l’un des pavés de ce secteur, sur cette activité, nous proposons une meilleure gestion de confort, gestion intelligente d’immeubles. Nous le faisons aussi pour permettre une rationalisation de l’utilisation de l’énergie : c’est un domaine qui n’est pas fortement demandé en Algérie vue le prix subventionné de l’électricité mais nous pensons qu’une rationalisation de l’énergie sera une priorité à l’avenir.

Quels sont vos investissements ?

Les investissements sont beaucoup plus dans le cadre des ressources humaines. Nous sommes près de 300 employés, dont 99% sont des compétences et des ressources algériennes, formée ici en Algérie et sur lesquelles nous investissons en termes de formation et développement personnel. Nous développons aussi la ressource humaine allant vers le marché de l’emploi. Dans ce cadre, nous avons mis en place, en collaboration avec l’USTHB et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un master en automatisme, où nous apportons notre support technique sur certains modules mais nous préparons aussi les étudiants au monde du travail en incluant des modules non programmés par l’université tels que la gestion de projets, conformité avec les règles de bonne conduite commerciale. Et ce sont des collaborateurs de Siemens qui dispensent ces cours.

Nous avons aussi équipé l’université d’un laboratoire d’automates Siemens, pour permettre aux étudiants d’avoir accès à des équipements de hautes technologies durant leur formation, leur permettant de pratiquer l’enseignement qui leur est dispensé.

Dans ce même sillage, nous avons étendu ce partenariat à l’École polytechnique d'Oran et sommes en discussion avec d’autres écoles et universités. Toujours dans le cadre de l’investissement sur la formation, Siemens Spa a créé un centre de formation agréé par l’état, le SITRAIN. Ce dernier est destiné au monde professionnel et qui forme et met à niveau les ingénieurs des entreprises clientes ou des entreprises qui veulent se doter d’équipements Siemens. En plus de les former, nous les certifions.

Les étudiants du master Automation bénéficient aussi des formations du centre, d’ailleurs, à la fin de leur cursus, ils doivent passer un examen pour être certifié. C’est un certificat agréé par Siemens qui prouve les compétences acquises pour ce type de module, ce n’est pas un certificat qualifiant pour les études de Master, mais il permet de faciliter l’accès au monde du travail.

La collaboration Université des sciences et de la technologie Houari-Boumédiène et Siemens est un grand succès.

Y a-t-il un suivi entre Siemens et l’université ?

Tout à fait, il y a un suivi que nous faisons avec l’université. Ce master existe depuis 2008, certains modules sont dispensés ici (chez Siemens) et d’autres sont dispensés à l’université (USTHB) et je peux vous que dire dans le cadre de ce suivi ; 90% des étudiants qui ont été formés trouvent un emploi dans les 6 mois qui suivent leur graduation. Les 10% restant ne se retrouvent pas au chômage mais, se sont orientés vers une formation doctorante ou ont créé leurs propres entreprises, donc on peut dire que 100% des promotions ont eu des débouchés par la suite. Cette collaboration est un franc succès.

En 2014 nous avons appris l’ouverture d’un centre d’engineering, ou on est vous avec ce projet ?

Effectivement, nous avions annoncé en 2014 la création d’un centre régionale d’engineering, nous avions 4 jeunes diplômés, qui venaient de l’École nationale polytechnique et l’Inelec et que nous avions formé en Belgique sur une période de 9 mois. Aujourd’hui nous sommes à 10 ingénieurs qui ont suivi le même procédé. Ce sont donc des jeunes que nous avons recrutés à leur sortie de l’Université, nouvellement diplômés et qui n’avaient pas forcement de l’expérience. Nous les avons formés sur une durée de 9 à 18 mois en Belgique et ici en Algérie sur l’automation énergétique. Aujourd’hui, c’est des collaborateurs, qui interviennent quand il y a des solutions Smart Grid ou réseaux intelligents à installer. Ils sont en charge de la partie engineering, donc de la conception d’un contrôle commande. Ces mêmes ingénieurs se chargent de la supervision de montage et de la mise en service de la solution désigné.

Siemens est parmi les leaders mondiaux dans l’éolien.

Quelles sont vos activités dans le domaine de l’énergie renouvelables ?

En effet, nous sommes présents sur l’activité des énergies renouvelables, malheureusement en Algérie, nous n’avons pas réalisé de projets. Mais à travers le monde, nous sommes présents par exemple sur les solutions de l’éolien, Siemens est parmi les Leaders mondiaux dans l’éolien et sommes présents aussi sur le solaire, la biomasse et le photovoltaïque. Nous savons très bien qu’il y a un potentiel en Algérie pour l’éolien et le solaire, nous espérons que la volonté politique exprimée dans le plan ENR 2015-2030 se concrétisera et nous serons là pour accompagner notre pays dans le développement de la filière de l’énergie renouvelable.

Quelle serait votre vision sur l’avenir énergétique de l’Algérie ?

Sur ce plan et avec la chute des prix du pétrole, investir sur les ENR n’est plus un choix économique mais devient une volonté politique par rapport à l’aspect écologique et aussi par vision à long terme puisque par définition les énergies fossiles sont appelées à baisser. Donc ce choix devient stratégique pour préparer l’avenir et la sécurité énergétique du pays.

Commentaires

Soyez le premier à laisser un commentaire.